La démission d'un évêque argentin homosexuel prend des allures politiques
Théologien respecté, Mgr Maccarone a démissionné après qu'une cassette vidéo montrant ses ébats homosexuels a été envoyée à Rome, aux autorités ecclésiastiques argentines et à plusieurs organes de presse. Exprimant "son affection et sa compréhension" pour l'ancien évêque, l'Eglise argentine évoque une vengeance politique en raiso! n des relations tendues qu'avait Mgr Maccarone avec des responsables politiques et économiques de la province. "Cela ressemble à une chose mise en place par une espèce d'organisation de renseignement", a pointé, le 23 août, le porte-parole de l'archevêché de Buenos Aires, Guillermo Marco. Il a rappelé que Mgr Maccarone avait été "très engagé dans la réalité de la province" la plus pauvre du pays et qui avait été surnommée "la province de la terreur".
UNE DICTATURE PROVINCIALE
Mgr Maccarone avait joué un rôle décisif, en 2004, dans la destitution et l'arrestation de l'ancien gouverneur Carlos Juarez, de sa femme, Nina Aragones, et des caudillos péronistes qui avaient gouverné d'une main de fer pendant cinquante ans Santiago del Estero, et qui étaient accusés de corruption mais aussi d'être mêlés à des crimes sordides.
Parmi eux, celui de l'ancien gouverneur, César Iturre (1987-1991), qui avait tenté de rompre avec l! es Juarez et qui a été assassiné. Le prédécesseur de Mgr Macca! rone, l'ancien évêque Gerardo Sueldo, qui était devenu un symbole de la résistance aux Juarez, est mort un matin de septembre 1998 dans un douteux accident de voiture.
Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été le crime de deux jeunes filles, dont les corps avaient été retrouvés en février 2002. Au cours d'une orgie combinant sexe et drogue, organisée par les fils des caciques locaux, elles avaient été tuées, puis découpées et leurs restes servis aux animaux d'un zoo privé.
Le président péroniste Nestor Kirchner avait placé la province sous tutelle fédérale. Les enquêtes avaient permis le démantèlement d'une police secrète, baptisée "la Gestapo des Juarez", qui espionnait les opposants de la dictature provinciale.
Le jeune homme impliqué dans le scandale sexuel a confessé avoir lui-même filmé la vidéo compromettante et l'avoir confiée à un important homme d'affaires de Santiago del Estero.